Conseil du 17 décembre 2019 - Vote du Budget Primitif 2020

Monsieur le Maire,

Nous nous sommes déjà longuement exprimés lors du Débat d’Orientations budgétaires, le document de Budget que vous nous présentez aujourd’hui se situe dans la droite ligne, nous serons donc brefs et nous nous limiterons à quelques points.

Nous avons un Budget global qui s’établit pour 2020, en Fonctionnement + Investissement, à 64.8 millions d’€… soit un très petit Budget par rapport à l’ensemble des années précédentes, où le Budget Primitif s’établissait au-delà, voire parfois très au-delà des 70 millions d’€ (pour rappel, nous avons voté un BP de 71 millions d’€ en 2019, et un BP de 82 millions d’€ en 2018).

C’est évidemment lié au caractère particulier de l’année 2020 : vous proposez de stabiliser le montant de la Section de Fonctionnement à 53.1 millions d’€ (c’est-à-dire au même niveau que les deux dernières années), c’est à peu près normal ; en revanche la Section d’Investissement tombe à 11.7 millions d’€ cette année alors que, bon an mal an, on votait une Section d’Investissement entre 15 et 20 millions d’€ depuis le début du mandat, avec des pics bien au-delà certaines années.

Dont acte, c’est un budget particulier lié à une année particulière.

Je note, malgré tout, le nouvel affaiblissement de notre capacité d’autofinancement, comme c’est le cas chaque année depuis le début du mandat : on tombe à 5 millions d’€ de Capacité d’Autofinancement pour 2020… alors que nous étions à plus de 8 millions d’€ au Budget 2015, et que cette érosion a été continue, chaque année, depuis. C’est inquiétant, cela illustre les difficultés de la Ville à dégager de l’autofinancement et il y aura un besoin impératif de redresser la barre dans les années à venir.

Mais au-delà de ça, certaines de vos annonces doivent être sérieusement relativisées ! C’est le cas, par exemple, de ce que vous dites concernant l’endettement, encore une fois : « poursuite du désendettement engagé en 2019 » ! Mais les chiffres sont têtus : de 44.9 millions d’€ en début de mandat, nous sommes aujourd’hui, à 3 mois de la fin du mandat, à 49.2 millions d’€ de dette, soit +4.3 millions d’€ et +10%.

Alors en effet, avec un niveau d’investissement très faible pour l’année 2020, on a beaucoup moins besoin d’emprunter, on va donc baisser l’emprunt d’équilibre et on va donc baisser l’endettement ! Mais c’est artificiel, conjoncturel, et tout simplement lié au caractère particulier de l’année 2020 !

Vous prévoyez un emprunt d’équilibre à 2.5 millions d’€ en 2020 pour financer les investissements… alors qu’on empruntait en général de l’ordre de 5 à 7 millions d’€ les années passées.

Vous prévoyez un programme d’équipement à 6.7 millions d’€ cette année… alors qu’on prévoyait en général des équipements pour 12 à 15 millions d’€ les années passées !

A ce compte-là, effectivement, on peut annoncer un désendettement à 3 mois des élections… mais il ne fait quand même pas rendre les gens pour des naïfs !

Il y a un indicateur, en revanche, que vous vous gardez bien d’évoquer : c’est le niveau de dette par habitant. Il continue d’augmenter !

Nous sommes désormais à 1 413 € de dette par Neversois, en hausse de 22 € par rapport à l’an passé (1 391 €/hab). Comparativement, les Villes de même strate sont à 1 036 € par habitant, en baisse (elles) de 27 € par habitant par rapport à l’année passée (1 063 €/hab).

Si on résume, nous sommes donc à +377 € de dette par habitant, et +36% ! Et notre trajectoire en la matière est ascendante, alors que celle des autres villes est descendante.

On est donc à la fois mal situés, et dans une mauvaise dynamique. Vous comprendrez donc qu’on ne peut pas gober vos affirmations sur le prétendu désendettement de la Ville !

Tout cela est évidemment lié, également, au nombre d’habitants. Nous sommes aujourd’hui à moins de 35 000 habitants (34 799 selon les chiffres donnés dans le Budget), en baisse de plus de 3000 habitants depuis 2014… et en baisse de près de 10%.

Comme quoi, il ne suffit pas de décréter, comme vous l’aviez fait, « l’inversion de la courbe démographique » pour qu’elle se réalise comme par enchantement… et il ne suffit pas de baisser les taux de fiscalité pour amener de la population à Nevers ! C’est malheureusement un tout petit peu plus compliqué que cela.

Pour le reste, nous l’avons déjà dit lors du Débat d’Orientations Budgétaires : la stabilisation des frais de personnel qui cache une érosion continue des effectifs municipaux, un produit fiscal en légère hausse malgré la baisse du nombre d’habitants, etc…

Dans la revue des politiques publiques (ce sont les diapositives 24 à 51), on peut quand même regretter une présentation à la fois tronquée et un peu obscure, quand elle mélange Investissement et Fonctionnement, par exemple le programme de voirie en même temps que l’entretien des aires de jeux… et vous faites le choix de mettre des « coups de projecteur » sur un certain nombre d’actions (certes intéressantes, je note par exemple le chiffre de 17 000 € pour la maintenance des caméras de vidéosurveillance), mais qui semblent assez mineures par rapport à d’autres qui ne sont même pas évoquées.

Je noterai simplement les 470 000 € de soutien à l’ensemble de nos clubs sportifs (à la fois en subventions de fonctionnement et en subventions d’encadrement)… à mettre en regard avec les 720 000 € de partenariat avec l’USON Rugby, vous savez que nous souhaiterions un rééquilibrage entre les moyens alloués au sport professionnel et les moyens alloués au sport amateur.

Vous nous confirmez les 410 000 € de financement des écoles privées, soit 3 fois plus que les années passées… 410 000 € qui, à notre sens, devraient être orientés vers l’école publique, s’agissant de fonds publics. Mais que je sais que ça ne dépend pas uniquement de vous.

Nous notons aussi une légère baisse (de 150 000 € tout de même par rapport à l’année passée), de la subvention d’équilibre pour le CCAS… à notre connaissance, les besoins ne sont pas à la baisse, peut-être pourrez-vous nous apporter une explication à ce sujet.

Voilà, M. le Maire, votre projet de Budget est fidèle aux orientations que nous avons, pour une grande part, combattues lors du Débat d’Orientations Budgétaires… cela ne vous étonnera pas, nous nous opposerons à ce projet de Budget.